Étude pilote de faisabilité d’une nouvelle psychothérapie de prise en charge psycho-oncologique chez des patientes traitées pour un cancer du sein invasif : La psychothérapie Eye Movement Desensitization Reprocessing (ou EMDR).

 

Porteur : Pr Cyril Tarquinio, chercheur APEMAC/EPSAM EA 4360, directeur Centre Pierre Janet.

PSYCANCER

Le cancer du sein marque un bouleversement dans la vie des patientes. De nombreuses manifestations psychologiques s’observent durant la maladie, notamment des symptômes de type anxieux ou dépressif. Ces dernières années, la littérature a montré l’efficacité d’une nouvelle psychothérapie dans la prise en charge du psycho-traumatisme et de ses troubles réactionnels hors champ cancer : la psychothérapie EMDR. Mais jusqu’à ce jour, très peu d’études se sont intéressées à cette approche en cancérologie. Il est donc d’un intérêt majeur d’investiguer la thérapie EMDR au regard de la prise en charge du cancer, de par l’accumulation d’évènements pathogènes et traumatiques pouvant survenir dès l’annonce, pendant le traitement, et après rémission.

Avant de tester l’efficacité de l’EMDR sur les affects anxio-dépressifs des patientes atteintes d’un cancer du sein primitif, une étude pilote prospective de faisabilité est nécessaire.

Objectif

Tester la faisabilité et l’acceptabilité de la psychothérapie EMDR auprès d’une population de femmes traitées pour un premier cancer du sein invasif.

Méthode

Les patientes incluses pour un cancer du sein primitif et venant d’être opérées ont bénéficié d’un suivi psychothérapeutique pendant deux mois, à raison d’une séance d’inclusion puis de 8 séances de thérapie (2 séances de prise de contact et 6 séances d’EMDR).

Les inclusions ont eu lieu au CHR de Mercy de décembre 2017 à mai 2018 et les séances de psychothérapies aux cabinets privés des psychothérapeutes de l’étude. Les patientes ont complété des questionnaires (anxiété, stress post-traumatique, qualité de vie et dépression) à plusieurs reprises. Les patientes volontaires ont également participé à un entretien semi-directif après la fin des séances afin de recueillir son ressenti sur sa prise en charge. Les retours des psychothérapeutes et de l’équipe médicale ont également été recueillis.

Résultats

Les résultats ont montré que plusieurs patientes ont refusé l’étude car elles habitaient trop loin par rapport au lieu des cabinets des psychothérapeutes (situés en agglomération messine uniquement). Ces premiers résultats nous ont incités à élargir la zone géographique des cabinets des psychothérapeutes pour l’essai randomisé à l’ensemble du département de la Moselle. Le retour des thérapeutes EMDR et des patientes qui présentaient une fatigue très importante due au traitement adjuvant, nous ont amenés à modifier le rythme des séances en passant de 1 fois/semaine à 1 fois toutes les deux semaines. Une réunion entre les psychothérapeutes EMDR de l’étude a également réduit les séances à 7 au lieu de 8 séances comme indiqué dans le protocole de l’étude pilote. Le nombre de séances de prise de contact a été réduit à 1 par les psychologues. Ces changements n’impactent en rien l’efficacité de la méthode car le protocole EMDR qui est au cœur du projet n’est pas modifié.


Autres résultats pertinents, les patientes sorties d’études (n=5) au bout de quelques séances de psychothérapie ont soulevé la difficulté de certains psychothérapeutes face aux patientes qui ne présentent pas d’anxiété, dépression ou difficultés particulières par rapport à la maladie ou encore la difficulté pour les psychologues de faire émerger une cible à traiter en lien avec la maladie (dans ce cas, la patiente a bénéficié d’une thérapie de soutien, mais pas systématiquement d’une psychothérapie EMDR). Les solutions apportées ont été d’ajouter un critère d’inclusion, c’est-à-dire un score d’anxiété minimal. De plus, quand une cible sur la maladie est difficile à identifier, les psychothérapeutes devront partir sur une cible autre que sur celle de la maladie (une problématique de la vie de la patiente). Enfin, les retours de patientes indiquent à ce jour que la psychothérapie a été utile autant pour le vécu du cancer que pour la vie de tous les jours et que les séances étaient trop rapprochées et parfois difficiles quand celles-ci sont programmées proches des séances de chimiothérapie.

Les partenaires

/ État de l’étude : close
/ Promoteur : CHR Metz-Thionville
/ Collaboration(s) : Centre Pierre Janet, CHR Metz-Thionville, APEMAC EA 4360 , CIC-EC INSERM CHRU Nancy
/ Financeur(s) : FEDER, Cancéropôle EST
/ Publication(s) : The treatment of anxious-depressive disorders among breast cancer patients integrating the EMDR Psychotherapy: from Pilot Study results to the development of a randomized trial / revue PSYCHOLOGY

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