La dimension du thérapeute dans l’efficacité de la prise en charge EMDR du trauma simple : la dimension oubliée ?

 

Porteur : Pr. Cyril Tarquinio, chercheur APEMAC/EPSAM EA 4360, directeur Centre Pierre Janet.

Doctorante : Juliette Machado, laboratoire APEMAC/EPSAM EA 4360.

DETECT

L’EMDR est une psychothérapie moderne et novatrice, classiquement connue pour son processus curatif par les mouvements oculaires. Elle est aujourd’hui recommandée par des instances nationales et internationales pour prendre en charge le psychotraumatisme. Toutefois, la méthodologie employée dans ces études d’efficacité est discutable. En recherche, la thérapie EMDR est souvent réduite à l’application stricte de son protocole, qui guide l’activité des thérapeutes de manière très détaillée. Or, les thérapeutes, forts de leur inventivité et de leur créativité, prennent bien souvent une marge de liberté d’avec le protocole, ce qui apparaît essentiel pour rester au plus près de leurs patients. La clinique de l’activité, une branche de la psychologie du travail, étudie couramment ces deltas entre ce qui est prescrit (le protocole) et ce qui est réalisé (la psychothérapie telle qu’elle est effectuée). L’originalité de ce projet sera d’étudier la psychothérapie en la considérant comme une situation professionnelle, en empruntant des méthodologies à la clinique de l’activité.

Objectif

Évaluer la psychothérapie EMDR en comparant deux conditions de mise en œuvre du protocole : une prise en charge en suivant strictement le protocole, soit une condition classique de recherche versus une application libre, soit une condition plus proche de ce qui est réalisé en clinique.

Méthode

Des patients venant consulter au Centre Pierre Janet et présentant un trauma simple se verront proposer d’intégrer l’étude. Ils seront répartis aléatoirement en deux groupes :

  • S-EMDR : Condition « Strict-EMDR » où il sera demandé aux thérapeutes de prendre en charge leurs patients suivant strictement le protocole EMDR standard
  • L-EMDR : Condition « Libre-EMDR » où il sera demandé aux thérapeutes de prendre en charge leurs patients suivant la thérapie EMDR comme ils le font habituellement

Seront évalués différents indicateurs tels que les symptômes traumatiques (IES-R), les symptômes anxieux-dépressifs (HADS), la qualité de vie (SF-12), la détresse subjective (SUD), la validité de la cognition positive du patient (VOC), l’alliance thérapeutique (WAI) ainsi que le processus psychothérapeutique (PQS). Selon les indicateurs, les évaluations seront effectuées par le patient lui-même, par le thérapeute, mais aussi par des psychologues extérieurs.

Toutes les séances de psychothérapie seront filmées. Les vidéos seront ensuite analysées suivant le dispositif méthodologique emprunté à la clinique de l’activité de l’autoconfrontation simple puis croisée des données. L’utilisation de ce dispositif est inédite dans ce contexte et permet aux thérapeutes d’être confrontés à leurs propres pratiques, en visionnant et commentant les vidéos des séances qu’ils ont réalisées.

Retombées attendues ou résultats

L’enjeu de ce projet est épistémologique. Par ces évaluations croisées, quantitatives et qualitatives, et par comparaison à une condition de respect strict du protocole, nous espérons nous approcher au plus près de ce qui se joue réellement durant une séance de psychothérapie EMDR et en évaluer la part du thérapeute dans l’efficacité de sa prise en charge.

 

Les partenaires

/ État de l’étude : en cours au Centre Pierre Janet, début des inclusions des patients depuis décembre 2019.
/ Promoteur : Université de Lorraine
/ Collaboration(s) : Centre Pierre Janet, APEMAC EA4360
/ Financeur(s) : FEDER
/ Publication(s) : en cours de rédaction

Contactez le Pôle Recherche
cpj-recherche@univ-lorraine.fr