Psychothérapie EMDR et phobies dissociatives

En tant que thérapeutes EMDR, nous nous heurtons tous régulièrement à des patients faisant acte de « résistance » au traitement : méfiants, minimisant ou changeant de sujet, ayant une urgence plus impérieuse, anesthésiés, en retard, absents, voire abandonnant la thérapie… Ces évitements en tous genres peuvent aussi être considérés comme la conséquence de phobies du monde interne et de ses aspects les plus aversifs.

Le terme « phobie » est habituellement réservé aux traumas d’anxiété et s’entend comme directement relié à des éléments externes (animaux, situations sociales, etc.). La dissociation structurelle est générée par des traumatismes mais maintenue par toute une série de phobies dissociatives : la phobie des souvenirs traumatiques et de tout ce qui s’y réfère, ainsi que la phobie des attachements ou de leur perte.

Les phobies dissociatives et l’évitement de l’expérience interne sont un point central des réactions comportementales du sujet dissocié structurellement. Janet les mentionne dès 1904 et les auteurs de la TDSP soulignent l’importance de les connaître dans le cadre des thérapies de patients souffrant de troubles dissociatifs d’origine traumatique car elles ont l’habitude de se manifester peu à peu durant le processus thérapeutique. Une des conséquences principales qu’elles génèrent est l’évitement du travail thérapeutique. C’est une des raisons de l’errance thérapeutique des patients dissociés structurellement. Ces phobies constituent donc une cible clé du traitement en EMDR. Selon le modèle TAI (Traitement Adaptatif de l’Information), elles peuvent s’aborder avec différents leviers que nous nous attacherons à répertorier et à intégrer au travers de practicum au sein du groupe.