ESPOIR-DOULEUR

 

Porteur : Pr Cyril Tarquinio, Directeur du Centre Pierre Janet | Enseignant chercheur et directeur de l’équipe EPSAM du laboratoire APEMAC (UR 4360) – Université de Lorraine, Metz

Doctorante : Angeliki Gkiouzeli, laboratoire UR 4360 APEMAC – Université de Lorraine, Metz

Les expériences défavorables vécues dans l’enfance (ACEs) au cours des dix-huit premières années de la vie peuvent contribuer à l’émergence et au maintien de la douleur chronique (DC). La recherche suggère qu’il existe une association dépendante de la fréquence entre ces expériences adverses et les maladies chroniques à l’âge adulte, un plus grand nombre d’ACEs étant associé à des problèmes de DC plus graves. Cependant, comme la recherche en est encore à ses débuts, il est trop tôt pour conclure qu’il existe une relation de cause à effet entre ces deux concepts. Par conséquent, il est crucial d’inclure un certain nombre d’autres facteurs psychologiques qui pourraient potentiellement influencer cette relation, tels que les schémas d’attachement (SA) des patients. Si l’on considère que l’attachement à l’âge adulte est activé dans les moments de stress perçu élevé, nous avons des raisons de penser qu’il jouera un rôle important dans la perception de la douleur et la gestion de la maladie par les patients. Il nous semble que les construits psychologiques des ACEs et de l’attachement puissent ouvrir de nouvelles voies pour comprendre les différences individuelles dans le contexte des programmes de gestion des DC.

Plus intéressant encore, il est maintenant bien connu que les ACEs peuvent laisser des traces physiologiques et épigénétiques facilement détectables, ce qui vient s’ajouter au faisceau de preuves reliant l’adversité, la vulnérabilité physiologique et épigénétique, et le développement de la DC. Dans cette perspective, nous sommes particulièrement intéressés à compléter ce raisonnement en étudiant les différences individuelles dans divers marqueurs épigénétiques et les niveaux de résilience des individus afin de mieux comprendre comment des événements de vie potentiellement traumatiques auront des effets différents sur les patients et l’efficacité de leur traitement.

Dans le cadre de ce projet de recherche (projet ESPOIR), nous invitons les nouveaux patients venant pour la première fois au Centre d’Evaluation et du Traitement de la Douleur de l’hôpital Belle-Isle de Metz (médecin référent de l’étude : Dr Fanny Brunet) et à la Consultation Douleur du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy (médecin référent de l’étude : Dr Philippe Longchamp) à participer. Les objectifs de recherche du projet, la méthodologie et les perspectives sont présentés ci-dessous.

Objectif

Étudier le rôle des ACEs,
des dimensions de l’attachement
et des processus d’adaptation mis en place (comme la résilience et la résilience à la douleur) sur l’efficacité des programmes de prise en charge médicale (en termes de perception de la douleur, de cognition de la douleur et de qualité de vie perçue) des patients souffrant de douleurs chroniques.

Méthode

Il s’agit d’une étude de cohorte prospective non interventionnelle avec un suivi longitudinal (période de douze mois) de participants avec DC, avec une méthodologie mixte (quantitative/qualitative), couplée à une étude ancillaire biologique, sur une période d’inclusion de douze mois.

Des personnes diagnostiquées avec un syndrome de DC depuis plus de six mois et admises pour la première fois dans un programme hospitalier de prise en charge de la douleur dans l’une des deux Structures Régionales Spécialisées dans la prise en charge des DC (SDC) suivantes : le Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur (CETD) de l’Hôpital Belle-Isle (Hôpitaux privés de Metz) et la Consultation Douleur (CD) du Centre Hospitalier Régional Universitaire (CHRU) de Nancy sont invités à participer à cette étude. Les participants seront inclus pendant douze mois.

Différents éléments d’informations sont mis à la disposition des futurs participants : une plaquette de présentation de l’étude, une lettre d’information avec formulaire de consentement pour l’étude principale (quantitative et qualitative) et une lettre d’information avec formulaire de consentement pour l’étude ancillaire biologique. Les participants intéressés pourront prendre connaissance de ces documents en toute tranquillité et en discuter avec leur entourage ou leur médecin traitant. Les participants intéressés pourront rencontrer Angeliki Gkiouzeli, la doctorante du projet, lors de leur premier rendez-vous médical dans les locaux des SDC où ils sont convoqués (CETD de l’Hôpital Belle-Isle à Metz et CD du CHRU de Nancy). Ils peuvent également exprimer leur intérêt à participer directement en contactant l’équipe du projet au Centre Pierre Janet par courriel à cpj-espoir-contact@univ-lorraine.fr afin d’organiser une rencontre avec Angeliki Gkiouzeli, lors de leur premier rendez-vous médical dans les locaux des SDC.

L’étude quantitative consistera à remplir une série de questionnaires sur ordinateur (données sociodémographiques, ainsi que d’autres mesures : présence d’ACEs, style d’attachement, résilience, qualité de vie) lors d’un rendez-vous en face à face avec Angeliki Gkiouzeli dans les locaux de la DDC le jour de la première consultation médicale au CETD de l’Hôpital Belle-Isle à Metz ou à la CD du CHRU de Nancy. Les participants seront contactés régulièrement (tous les trois mois environ) pendant un an pour remplir à nouveau les questionnaires et le recevront selon leur préférence : soit par courriel à leur adresse électronique, soit par courrier (avec une enveloppe timbrée à retourner à l’équipe de l’Unité de recherche du Centre Pierre Janet) à leur adresse postale.

L’étude qualitative sera menée auprès d’un échantillon restreint de 16 participants, afin d’explorer plus avant la manière dont l’histoire de vie des patients est liée à leur perception de la douleur. Les entretiens seront menés à distance (par téléphone ou vidéoconférence) avec la doctorante du projet, Angeliki Gkiouzeli, dans les trois semaines suivant l’inclusion des participants dans l’étude. Un second entretien, environ neuf mois, sera à nouveau proposé aux participants, afin d’étudier plus en détail les éventuels changements dans leurs rapports concernant leur perception de la douleur.

L’étude biologique ancillaire correspond à la collecte d’échantillons biologiques : en l’occurence, un prélèvement de quelques gouttes de sang au bout du doigt. Ceci permettra de mesurer les niveaux de méthylation pour les régions ciblées du NR3C1, FKBP5 et OXTR. Cet échantillon sera prélevé lors de l’inclusion des participants dans les locaux des SDC.

Retombées attendues ou résultats

Cette recherche permet de comprendre le problème de la douleur chronique dans de nouveaux termes en réunissant des chercheurs et différents membres des structures collaboratrices (par exemple, des médecins, des psychologues et des infirmières) et en encourageant de nouvelles initiatives pour le traitement et la gestion de la maladie. L’enjeu de cette recherche est de développer un cadre plus exhaustif qui nous permettra de mieux comprendre les conséquences de ces événements de vie difficiles, sur le développement et le maintien de la douleur chronique, notamment en explorant le rôle médiateur possible des styles d’attachement, de la résilience et des mécanismes biologiques. Néanmoins, il est clair que les variables médiatrices, notamment psychologiques, doivent être clarifiées quant à leur implication dans ce processus qui semble lier l’adversité et l’apparition de maladies chroniques à l’âge adulte.

Cette étude constitue une première étape cruciale dans le développement d’une nouvelle approche intégrale de la gestion et du traitement de la douleur en replaçant la genèse du syndrome douloureux dans un contexte développemental. Les objectifs à plus long terme de cette initiative comprennent l’amélioration des méthodes de gestion de la douleur adaptées aux expériences négatives vécues par les patients dans leur enfance et à leurs modèles d’attachement particuliers, ainsi que l’amélioration de l’efficacité et de la durabilité de la prise en charge des patients, ce qui permet d’utiliser les coûts des soins de santé.

Les partenaires

/ État de l’étude : démarrage des inclusions de l’étude décembre 2022
/ Promoteur : Université de Lorraine
/ Collaboration(s) : Laboratoire APEMAC UR4360, Centre National de la Recherche Scientifique – Délégation Régionale d’Alsace, Université de Strasbourg, Consultation Douleur du Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy, Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur de l’Hôpital Belle-Isle (Hôpitaux Privés de Metz, Groupe UNEOS)
/ Financeur(s) : Région Grand Est
/ Publication(s) : à venir