CAPONE-Cancer

CAPONE-Cancer : adversité durant l’enfanCe, AdaPtatiON et cancEr du sein

Porteur : Pr. Marion Trousselard, chercheure APEMAC/EPSAM EA 4360, Médecin Chef des Services
Doctorante : Camille Tarquinio, laboratoire APEMAC/EPSAM EA 4360

Cette étude peut être réalisée en présentiel, au Centre Pierre Janet, ou à distance.

La maltraitance et la négligence (Adverse Childhood Experiences ou ACEs) vécues dans les premières années de vie ont depuis longtemps été mises en lien avec les problématiques de santé mentale à l’âge adulte, et principalement la présence, une fois adulte, de troubles anxieux et dépressifs. Aucune étude n’a, dans le cas du cancer, envisagé qu’une telle antériorité puisse rendre plus vulnérables les malades sur le plan émotionnel, alors même que la présence de troubles réactionnelles comme le stress, l’anxiété ou la dépression sont le propre d’une telle pathologie. Activé en périodes de stress et donc durant la maladie, même le système d’attachement se trouve être mobilisé et doit être pris en compte pour permettre une compréhension plus heuristique du vécu de la maladie. Il est également particulièrement sollicité pendant la phase de rémission, période complexe et singulière de la maladie cancéreuse qui confronte les malades à une ambivalence d’espoir et de peur, notamment la peur de la récidive (ou PRC). C’est à cet égard un facteur déterminant dans la survenue de troubles anxio-dépressifs. Enfin, plusieurs études ont montré une forte association entre la dépression/anxiété et la fatigue liée au cancer (CRF, Cancer-Related Fatigue) après les traitements, notamment pendant la phase de rémission.

Les adversités vécues dans les premières années de vie laissent des traces physiologiques et épigénétiques qu’il est possible aujourd’hui d’évaluer facilement, apportant ainsi des preuves supplémentaires entre adversité, vulnérabilité physiologique et épigénétique et capacité d’adaptation face aux épreuves de la vie comme le cancer. Dans le cadre de la rémission de la maladie cancéreuse, l’identification des liens entre adversité dans l’enfance, vulnérabilité épigénétique à la réponse de stress et difficulté d’adaptation à la situation à vivre, notamment la PRC, permettra de développer des prises en charge ajustées aux besoins des patientes.

Objectif

Méthode

Il s’agit d’une étude interventionelle transversale, avec une méthodologie mixte (quantitative/qualitative) couplée à une étude ancillaire biologique, sur une période d’inclusion de dix mois.

Les participantes seront recrutées par l’intermédiaire des associations locales, départementales et régionales de lutte contre le cancer ou d’aide aux malades (Ligue Contre le Cancer de Moselle, Dames de cœur de Thionville…). Le recrutement se fera aussi par le biais des services d’oncologie de la Moselle et des réseaux des psychothérapeutes du Centre Pierre Janet (CPJ), prenant en charge les patients et les aidants en cancérologie dans le cadre du dispositif mis en place en partenariat avec la Ligue Contre le Cancer de Moselle : les Consultations Suspendues©.

Différents éléments d’information sont mis à disposition des futures participantes : une plaquette d’information de l’étude, une lettre d’information avec formulaire de consentement pour l’étude principale (quantitative et qualitative) et une lettre d’information avec formulaire de consentement pour l’étude ancillaire biologique. Les participantes intéressées pourront prendre connaissance de ces éléments de façon sereine et en discuter avec leur entourage ou leur médecin traitant. Après un délai de réflexion suffisant (d’au moins 48 heures) et un temps d’échange (si besoin) avec l’équipe du projet, les femmes intéressées pourront contacter l’équipe du projet du Centre Pierre Janet, par courriel ou par téléphonique, pour convenir d’un rendez-vous au Centre Pierre Janet avec la doctorante du projet, Camille Tarquinio.

Retombées attendues ou résultats

L’originalité du projet CAPONE-Cancer est d’inscrire dans une perspective développementale les réactions psycho-émotionnelles des malades du cancer du sein durant la phase de rémission. L’enjeu de cette étude est de taille, car si nous sommes en mesure de montrer que l’histoire traumatique des sujets s’inscrit dans la manière dont les gènes vont fonctionner (épigénétique) et comment cet impact influence les capacités d’adaptation des malades (en termes de vulnérabilité́ et de résilience) en modulant réponses de stress (en termes de stress chronique), nous pourrons poser de nouveaux jalons susceptibles d’orienter demain les prises en charge psychothérapeutiques dont ils pourraient bénéficier, notamment durant la période de rémission.

Cette recherche est une première étape qui permettra d’ouvrir une réflexion nouvelle sur la question de la prise en charge des malades du cancer en s’opposant à une conception souvent simpliste de la psychopathologie des patients, réduite le plus souvent aux troubles réactionnels consécutifs à la survenue de la maladie du cancer. Cette vision dite synchronique de la psychopathologie de ces patients ampute de la prise en charge les leviers de faire-face en lien que leur histoire et en particulier leur vécu d’adversité a mis à mal. Et ce, alors même que la prise en compte de cette dimension diachronique constitue un mécanisme central de résilience. Cette recherche a donc pour ambition de mettre en interaction les dimensions synchroniques ET diachroniques pour favoriser une compréhension plus heuristique du vécu de la maladie, notamment durant la phase de rémission et de proposer à termes une prise en charge ajustée intégrant le vécu de la rémission et l’optimisation des processus de résilience.

/ État de l’étude : démarrage des inclusions de l’étude début 2022
/ Promoteur : Université de Lorraine
/ Collaboration(s) : Institut de Recherche Biomédicale des Armées, Laboratoire APEMAC UR4360
/ Financeur(s) : Centre Pierre Janet, Laboratoire APEMAC UR4360 et une thèse financée par la Ligue Contre Le Cancer
/ Publication(s) : à venir